Histoire de la commune / Patrimoine

HISTORIQUE DE LA COMMUNE.

Origine du nom de Saint Tricat.
Saint Tricat a pour origine une paroisse de l’ancien diocèse de Thérouanne connue sous le nom de Markenes dés 1084 dont le saint patron est Saint Nicaise, archevêque de Reims. Le nom de Saint Tricat n’apparait qu’après la reprise du CALAISIS sur les Anglais en 1558. La substitution remonterait au plus tard au 13éme siècle et proviendrait du dialecte flamand parlé à l’époque dans la région, qui a fait passer « Saint Nicaise de Markenes » à « Saint Nicaise », puis à « Sinter Cas », puis à « Sintrecas » et enfin à Saint Tricat.

Pendant l’Antiquité.
Au niveau des hameaux de la haute et basse Leulingue, les traces d’un habitat datant de l’âge du bronze (9éme siècle AV JC) et d’une ferme de l’âge du fer (période gauloise 1er siècle AV JC) ont été découvertes lors des fouilles archéologiques effectuées avant la construction du contournement de Saint Tricat en juin 2010. Des écrits anciens révèlent également dans ce secteur une voie romaine qui reliait le port de Sangatte aux villes de Thérouanne et d’Arras.

Au Moyen Age.
Il est très probable que vers 770, Markenes, qui faisait partie du doyenné de Guînes, lui-même rattaché au diocèse de Thérouanne, avait une église et un prêtre pour l’administrer.
Au siècle suivant, les Normands ravagèrent le pays et le dépeuplèrent.
En 1084, à la fondation de l’abbaye d’Andres, apparait un certain Elembert de Markenes, qui fit par la suite de nombreux dons à l’abbaye dont un domaine à Leulingue. Elembert fut un des premiers vicomtes de Markenes, fidèle officier du comte de Guînes qu’il remplaçait en son absence.
Fin du 12éme – début du 13éme siècle, Markenes fut doté d’un prieuré pour des religieux de l’ordre des Prémontrés, dépendant de l’abbaye de Selincourt prés d’Amiens.
Il ne reste de cette époque que la massive tour carré de l’église actuelle, contemporaine à la fondation du prieuré. Au cours du 13éme siècle, les reliques de saint Nicaise étaient déjà très honorées dans le sanctuaire de Markenes.
De 1347 à 1558, les anglais occupèrent Markenes ainsi que tout le CALAISIS et n’y laissèrent subsister aucun établissement religieux.

Au 16ème siècle.
Le duc de Guise repris le CALAISIS aux anglais en 1558. Après le traité du Cateau–Cambrésis de 1559, pour repeupler Calais et sa région complètement dévastée, on fit appel à des habitants de Thérouanne et de Saint Quentin sans asile, suite à la destruction de leurs villes par les espagnols. Des commissaires du roi furent chargés de la délimitation de chaque village et de la répartition des terres, et principalement à Saint Tricat pour des habitants venus de Saint Quentin. Le gouverneur de Boulogne, Jean de MONCHY, sieur de Sénarpont, obtint la ferme du Berck pour service rendu lors de la reconquête du CALAISIS.
Le premier curé connu est Jehan Badde qui était en fonction en 1567.Il doit être à l’origine de la construction de la nef actuelle, qui a été réalisée à l’aide des pierres provenant de la destruction de l’ancienne église.
Un registre débuté par le commissaire Terrier de Miraumont en 1582 nous signale un moulin et 3 houblonnières sur la commune.
En 1596 les villages du CALAISIS ont encore souffert du siège et de la prise de Calais par l’archiduc Albert d’Autriche qui gouvernait la Flandre et l’Artois pour le compte du roi d’Espagne. Le pays fut rendu à Henri IV en 1598.

Au 17ème siècle.
Au 17éme siècle, une suite de malheurs frappe Saint Tricat et la région.
Des inondations des marais par l’eau de mer ont lieu en 1607, 1615, 1624, 1641 et en 1644, dues à la fragilité des digues de Sangatte. Le village connait aussi la peste en 1634 et 1638.
En 1639 l’armée française réclame des vivres et des munitions pour le siège d’Aire.
En 1642, l’invasion des espagnols venus des Pays Bas provoque le pillage du CALAISIS. La prise de Gravelines aux espagnols en 1644 puis celle de Dunkerque en 1646 amenèrent encore dévastation et misère dans nos campagnes.
En 1665 et 1666, une maladie contagieuse envahit l’Angleterre et arriva dans nos campagnes par le port de Calais.

Au 18ème siècle.
En 1771, Saint Tricat compte « 54 feux » et 223 habitants.
En 1789, après les Etats Généraux de Versailles, il y eu des réunions dans chaque paroisse pour établir les cahiers de doléances et élire les délégués (1 pour 100 feux). On procéda au partage des terrains communaux et chacun reçut trois verges et demie situées dans le marais. Cela eut pour conséquence la création de nombreuses tourbières dans le marais, entièrement comblées aujourd’hui. Mais on comptait encore en 1845 trois ateliers qui occupaient une vingtaine de personnes.
La période révolutionnaire se passa sans trop de violence sur le CALAISIS. L’église de Saint Tricat ne fut pas vendue, on y fit du salpêtre par ordre des agents de l’autorité publique, ce qui la préserva du vandalisme.

Au 19ème siècle.
Au début du 19éme siècle, on installa sur le clocher de l’église, une station du télégraphe aérien Chappe, relais entre Saint Omer et Calais.
En 1867, la ligne de chemin de fer est prolongée de Boulogne à Calais et vient séparer les hameaux de la haute et de la basse Leulingue.
En 1859, le calvaire à l’intersection de la route de Nielles et de la route du marais fut érigé grâce à la générosité de la famille Parenty qui est aussi à l’origine de la construction du chœur actuel de l’église en 1872. Dans ces mêmes années, on construisit le presbytère et l’ensemble regroupant la mairie, l’école et le logement de l’instituteur.
En 1895 la famille Parenty fit construire sur les terres du Berck dans le marais, la petite chapelle qui existe toujours. Le 14 mai 1899 fut bénite une nouvelle cloche, toujours en service et mesurant presque 1 mètre de diamètre.

Bibliographie.
La publication « notice sur la commune de Saint Tricat » de François Joseph Parenty, vicaire général d’Arras 1799-1875, édition revue, corrigée et mise à jour par Jules-Albert de Foucault agrégé de l’Université dans le Bulletin historique et artistique du CALAISIS, n° 46-48, décembre 1971.
Publication de l’archéologie du Pas de Calais.

HISTORIQUE DE L’ÉGLISE SAINT NICAISE.

Cet historique est basé sur l’écrit « notice sur la commune de Saint Tricat » de François Joseph PARENTY Vicaire général d’Arras 1799-1875 et originaire de Saint Tricat, édition revue, corrigée et mise à jour par Jules-Albert de FOUCAULT agrégé de l’Université en 1970.

Au 12ème siècle.
Markenes devait avoir un prieuré pour des religieux de l’ordre des prémontrés dépendant de l’abbaye de Selincourt. (en 1147, Milon, évêque de Thérouanne et ancien prémontré, abandonnent à Selincourt les 2 autels de Markenes et de Fontaine).
Il ne reste, de cet établissement religieux, que le clocher de l’église actuelle, massive tour carrée qui, par ses caractéristiques architectoniques, accuse une construction de la fin du XIIème ou, au plus tard, début du XIIIème siècle, et semble ainsi contemporaine à la création du prieuré. Les arcades, actuellement murées, laissent encore apercevoir, par endroits, la moulure en tiers-point. Sur l’arcade sud, à l’extérieur, on voit encore un élégant chapiteau en pierre dure, décoré de feuillage.
Il résulte des fouilles pratiquées pour les inhumations que l’église des chanoines réguliers avait la forme d’une croix latine, dont la tour, placée au centre, formait le transept. Ce monument occupait une partie notable du cimetière actuel. La nef, les bras de croix et le chœur furent démolis durant les guerres, presque continuelles, qui désolèrent le Calaisis pendant l’occupation anglaise (1347-1558).

Au 13ème siècle.
Les reliques de Saint Nicaise, archevêque de Reims et patron de l’église, étaient très honorées dans le sanctuaire de Markenes.

Au 16ème siècle.
Le premier curé connu après la fin de l’occupation anglaise est Jehan Badde, en fonction en janvier 1567. « Tout porte à penser qu’il fit construire la nef de l’église telle, à peu près, que nous la voyons actuellement. On se servit des pierres qui étaient restées au sol et qui provenaient de l’ancienne église du prieuré. Cette nef est construite en pierres calcaires de moyen appareil ; mais les lignes, par leur irrégularité, indiquent un assemblage de matériaux préexistants. Ce bâtiment s’appuie sur la face orientale de la tour. Il est éclairé par quatre fenêtres de forme ogivale et ne présente point, comme le clocher, de caractère bien défini d’architecture : il est facile de remarquer qu’il est l’œuvre d’un simple maçon.

Au 17ème siècle.
En 1655, le curé Jean Chabbé enrichit son église de reliques notables provenant des martyrs de la légion Thébéenne. « On les trouve encore, sous la table du maître-autel, enchâssées dans des reliquaires en bois de chêne. Ce sont des édicules en carré long, fermés en avant par des glaces, qui laissent voir, dans l’un, une mâchoire inférieure et une portion de crane ; dans l’autre, une côte et un os de l’avant bras (disposition modifiée au 19ème). D’anciens titres, déposés dans les châsses, constatent que sur la demande d’un sieur Philippe de Pierremont, ces ossements furent extraits, en 1635, d’un commun sarcophage, qui renfermait les corps des martyrs de la légion thébéenne, par Antoine Wébre, chanoine de la collégiale de saint Paulin de Trêves. En 1655, la douairière de Wilent, mère du seigneur de Pierremont, confia ces reliques à maître Arnouts, curé de Coudekerque, qui les remit à celui de Saint Tricat, pour être vénérées dans son église. Le 14 septembre 1838, Mgr de la Tour d’Auvergne, évêque d’Arras, approuva le culte rendu à ces restes précieux, sur le rapport de la commission, nommée par lui pour en apprécier l’authenticité.
En 1673, le portail de l’église fut restauré, comme en témoigne la date gravée sur le claveau de la porte actuelle.
On trouve dans le cimetière les trois anciennes sépultures, surmontées de croix de pierre d’un mètre de hauteur, datant de la même époque.

Au 18ème siècle.
Louis Morel, curé installé le 2 janvier 1715, fit beaucoup pour l’ornementation de l’église qui est restée inchangée jusqu’ à la fin du XIXème. Il dota la paroisse de 2 cloches en 1718, fit construire l’ancien maître-autel et le retable, orné des statues en bois de saint Nicaise, de saint Pierre et de saint Eloi et une menuiserie recouvrait le fond de la nef avec un tableau au centre, représentant la transfiguration de Notre-Seigneur. Le tabernacle, aux formes gracieuses, en bois de chêne, décoré de quatre colonnettes détachées et de trois niches où sont sculptées des statuettes, doit dater de cette époque. Sous la tour, il y avait deux petits autels, l’un pour la vierge Marie, l’autre pour saint Nicaise, dont les retables étaient couronnés de frontons, disposant de niches où on avait placé les statues de la Vierge et de Saint Nicaise.
Ce siècle a été marqué par de nombreux travaux sur l’église : d’abord en 1726, puis en 1750 remplacement de la petite cloche cassée. En 1764 le toit est en mauvais état et la tour lézardée, devant l’importance de travaux un expert passe le 9 septembre 1766 et la réception des travaux a lieu le 2è février 1767.Tous les habitants durent y contribuer de leurs deniers. D’autres dépensent ont encore été faites les années suivantes.

A la révolution, on fit du salpêtre dans l’église, par ordre des agents de l’autorité publique, ce qui la préserva du vandalisme révolutionnaire. « on avait, toutefois, donné l’ordre de démolir les autels et de briser les statues des saints. Mais quelques habitants de la section du marais, prévenus à temps, se rendirent en toute hâte sur les lieux et s’opposèrent énergiquement à cette profanation. (Une tradition, conservée dans la famille Lemaître, veut que les statues de bois aient été sauvées, grâce à un subterfuge,  par la famille Gourdin. Ces statues creuses, furent retournées et placées sur le fumier, dans la cour de la ferme, en guise d’auges pour les bestiaux ».

Au 19ème siècle.
Grâce à la générosité des paroissiens et de la famille Parenty,  « l’église fut agrandie : on construisit en 1872, le chœur actuel, de style gothique – peu en rapport avec le reste de l’édifice, il faut bien le reconnaître-, chœur orné de cinq fenêtres ogivales et d’un autel de bois clochetons, qui remplaça l’ornementation due à l’abbé Morel, qui ne manquait pas de grâce  (cet autel a disparu du chœur en 1969).

Sous l’autel, au centre, fut placé un nouveau reliquaire en métal doré, flanqué des deux petits reliquaires de chêne…qui contenaient des reliques de la légion thébéenne ; le reliquaire principal (qui contenait au centre la mâchoire signalée) fut profané en 1947, lors d’un cambriolage de l’église.

Les fenêtres à lancettes et à médaillon quadrifolié, furent dotées de vitraux ; les deux principaux portent les représentations, d’une part de la Vierge et de saint Eloi, de l’autre, du Sacré-Cœur et de saint Nicaise, abritant sous sa chape son église de Saint tricat. En outre, au sommet, dans les médaillons, les armes pontificales (Pie IX) et épiscopales (Mgr Lequette, 1856-1882) permettent de dater le travail. Le dernier vitrail à gauche porte, dans un coin, la date de 1872.

Le 14 mai 1899, fut bénite une nouvelle cloche – la grosse cloche – de 0,92 m de diamètre qui est toujours en service.

La famille Parenty dispose d’une imposante sépulture dans le cimetière de Saint-Tricat. Sous une arcade à colonnes romanes en pierre de Creil, sommée d’une croix antéfixe, sont disposées  cinq  grandes plaques de marbre dont la dernière n’a pas encore d’inscription.

20ème siècle.
Vers la fin de la guerre 14-18 « un legs testamentaire (un arbre) permit de dresser sous le clocher, une tribune, qui masqua presque complètement les vieilles statues de bois polychromes, qui ornaient du temps de l’abbé Morel, les petits autels de la Vierge et de saint Nicaise.

En 1952 arrive  le chanoine Georges Delannoy qui apporta quelques modifications à l’intérieur de l’église, déplaçant la chaire, transportant sous le clocher la statue de Notre Dame de Lourdes et le monument aux morts, l’autel de la vierge change de côté et devient celui de saint Nicaise. Il quitte la paroisse en 1968.

L’abbé Van Westing, associé à l’équipe pastorale de Guînes, résidant au presbytère de Saint Tricat, prend la suite. « Il se passionne pour la rénovation de l’ancienne église Saint-Nicaise, et à l’aide de scouts hollandais, entreprend la rénovation du chœur polychrome de l’abbé Parenty ; il lui donna une couleur grise, uniforme, et des lambris de fibrociment teinté. Il enleva l’autel de bois à clochetons – qui date d’un siècle – mais il garde heureusement les petites statues des quatre évangélistes qui ornaient le retable et qui prennent place au pied d’un pupitre du plus heureux effet. Il installe un nouvel autel pour la célébration face aux fidèles, plaçant bien en évidence, sur la fenêtre centrale du chœur, le vieux christ de bois qui, depuis des siècles, regardait la chaire au milieu de la nef.

Pendant l’été 1970, il décide de transformer le plafond de la nef. De nouveaux vitraux, formés de losanges de couleurs variées, ont remplacé ceux qui avaient disparu par suite d’un malheureux coup de fusil. Les travaux sont assurés par des scouts hollandais et des bénévoles sous la direction d’un maçon du pays Gustave Ledoux. L’ancien plafond a été abattu (16 tonnes de plâtras) et a été remplacé par un plafond à trois plans avec poutres rustiques apparentes. Les murs ont été garnis de nouveaux lambris en fibrociment teintés, comme le chœur. Les murs intérieurs du clocher ont été grattés et les pierres  mises à nu.

Pour les passionné(e)s, retrouvez encore plus d’informations ici :
liste des curés de Saint-Tricat (depuis 1567)
– 
liste des maires de Saint-Tricat (depuis 1790)

Découvrez ci-dessous la plaquette patrimoniale de Saint-Tricat intitulée : Le long de la Leulène.